IBM — International Business Machines — s’est constitué en 1911 à la suite de la fusion entre la Tabuling Machine Company et la Computing Scale. La première de ces deux sociétés avait été fondée par Hermann Hollerith, un statisticien travaillant pour les autorités fédérales américaines, qui avait mis au point une machine sur laquelle les données étaient stockées sur des cartes perforées. IBM est, à cette époque, une entreprise manufacturière qui assemble des appareils électriques et électroniques. Ce n’est qu’à partir de 1924 qu’IBM fait ses premiers pas dans le domaine du calcul en développant les premières utilisations industrielles de la mécanographie, adaptées aux machines à écrire électriques ainsi qu’aux machines à calculer. Après des années de recherches, le premier ordinateur livré par IBM sort en 1951: ce modèle, baptisé IBM 701, doit beaucoup au mathématicien américain d’origine hongroise Johannes von Neumann, dont les travaux ont servi à définir l’architecture de cette machine qu’il convient désormais d’appeler un ordinateur. Destiné aux applications militaires, il est fabriqué à 19 exemplaires. Le second modèle, qui fait l’objet d’une commercialisation, est vendu à 1 800 unités: IBM est déjà le premier fabricant mondial d’ordinateurs!
Tout au long des années 1960, l’entreprise poursuit sa production avec des chiffres de vente modestes, comparés à ceux d’aujourd’hui, qui atteignent toutefois au début des années 1970 le palier de 10 000 ordinateurs vendus pour le modèle 360, annonçant la suprématie de l’industrie américaine dans le domaine de l’informatique, une suprématie non encore démentie aujourd’hui.
La généralisation des applications informatiques dans le monde du travail, puis dans la vie courante, et la diffusion de plus en plus rapide des innovations ont engendré un contexte concurrentiel marqué par l’apparition de nouveaux constructeurs, parmi lesquels Compaq, Hewlett-Packard et Dell, qui ont contraint IBM à modifier sa stratégie par rapport à ses activités historiques de fabricant.
L’évolution vers le software et les services informatiques
La structure actuelle du chiffre d’affaires par activité montre que l’époque où IBM n’était qu’un constructeur d’ordinateurs est révolue. La firme américaine ne tire plus que 42 % de ses profits de ses ventes d’ordinateurs, la plus grande part des résultats provenant des activités immatérielles — le software — notamment dans les logiciels, ainsi que les services informatiques proposés aux entreprises. Ce dernier secteur s’est fortement développé avec la généralisation du couplage entre l’informatique traditionnelle et l’Internet. L’exemple le plus récent de solutions informatiques adaptées aux nouvelles technologies concerne le domaine de la musique numérique où, en partenariat avec cinq des plus importantes maisons de disques mondiales, Sony, Universal, Warner, EMI et Bertelsmann, IBM a conçu une plate-forme commerciale élaborée autour d’une norme de sécurité baptisée SIDM (Secure Initiative Digital Music), étanche au piratage, permettant aux consommateurs de télécharger un album d’une durée de 60 minutes en dix minutes seulement, tout en préservant les droits des maisons de disques et des artistes-interprètes. IBM se positionne ainsi comme un fournisseur incontournable en matière de technologies de pointe, et noue des alliances avec l’ensemble des acteurs du marché de l’informatique, comme le montre le récent accord conclu avec le fabricant Dell, une entreprise qui le concurrence pourtant directement sur le marché des ordinateurs personnels.